L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, ou AOMI, de stade 4, est une pathologie dangereuse, ultime résultante de la progression avec les années de l’AOMI. L’AOMI de stade 4 se définit par des troubles trophiques dont un risque d’ulcération à court terme. C’est un état clinique grave, dont la prise en charge ne doit pas se faire attendre.

L’artérite de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs diminue la vascularisation du membre inférieur, et les traitements s’orientent alors autour de deux axes : la revascularisation, et le traitement de plaies déjà existantes. Ce sont des traitements efficaces, mais dont l’emploi peut être prévenu par une prévention efficace du développement de l’AOMI

Pour estimer la progression de l’AOMI et les bonnes pratiques associées à l’inhibition de son aggravation, plusieurs classifications ont été développées, dont la classification de Fontaine et de Rutherford. Néanmoins, avant d’explorer plus en détail les classifications et traitements de l’AOMI, il faudra d’abord s’intéresser à sa physiopathologie.

L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs: qu’est-ce que c’est ?

L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs est un rétrécissement du diamètre des artères vascularisant les membres inférieurs. L’aorte, plus gros vaisseaux du corps, part du cœur vers la région lombaire et se divise en deux artères, les artères iliaques communes, qui se divisent elles même en deux artères iliaques externes et deux artères iliaques internes. Les artères iliaques externes sont à l’origine de tous les vaisseaux sanguins du membre inférieur. C’est une région où le sang est soumis à de hautes pressions et turbulences.

Avec l’âge et des pathologies comme de l’hypertension artérielle, le diabète ou le cholestérol, la paroi des artères s’abîme, des plaques de cholestérol se forment et l’espace disponible pour la circulation du sang diminue. Le passage du sang à travers les artères est compromis, et la vascularisation de la jambe est de moindre qualité. Cette situation signe l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs.

L’AOMI peut être décrite par 4 différents stades de gravité : Si les premiers stades de gravité peuvent constituer un handicap dans la vie quotidienne sans menacer le pronostic vital à court et moyen terme, le 4ème stade peut poser un risque d’amputation en urgence. La prise en charge de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs s’oriente ainsi autour de la prévention de son développement jusqu’au dernier stade de gravité. 

Les différents stades de développements présentent une symptomatologie différente. La connaissance de cette symptomatologie et des classifications permettant d’estimer leur gravité constitue la première étape pour déterminer le comportement à adopter face à une AOMI.

Présentation Clinique: quels symptômes typiques de l’AOMI ?

Les symptômes typiques de l’AOMI sont les douleurs à type de crampes que le défaut de vascularisation apporte. Toutefois, l’AOMI est une maladie progressive, qui peut passer inaperçue jusqu’à ce qu’elle atteigne des stades avancés. Au stade 4, d’autres symptômes s’ajoutent, dont des ulcérations ou lésions gangréneuses, généralement situées sur les orteils ou les jambes.

L’étude de ces symptômes est la base du diagnostic de l’AOMI stade 4, qui repose sur l’évaluation des symptômes, un examen physique et des tests diagnostic. En plus des symptômes typiques, l’examen physique révèle des signes associés à l’AOMI, comme une diminution ou une absence de pouls dans les membres inférieurs, une peau froide ou pâle, et la présence d’ulcérations ou de gangrène

Afin d’estimer le niveau de dangerosité de l’AOMI, deux classifications sont fréquemment employées pour donner un grade de dangerosité à l’AOMI en fonction des symptômes observés.

La Classification Fontaine de l’AOMI stade 4: qu’est-ce que c’est ?

La classification de Fontaine catégorise les AOMI en fonction de la douleur manifestée par le patient et l’éventuelle présence de troubles trophiques. Elle se compose de 5 niveaux de gravité :

  • Le grade I est asymptomatique : Le patient ne présente aucune douleur et aucun trouble de la trophicité. Néanmoins, une diminution significative de la pression artérielle dans les jambes est mesurée, signe d’une sténose aux répercussions concrètes sur la circulation sanguine. Ignorée, elle évoluera pour devenir symptomatique.
  • Les grades IIa et IIb correspondent à une ischémie d’effort : Une douleur à type de crampes survient après un certain temps de marche, et signe un défaut d’apport en oxygène aux muscles à l’effort. Si la douleur survient après 200m de marche, on parle d’AOMI de grade IIa, et si la douleur survient avant 200m de marche, on parle d’AOMI de grade IIb.
  • Le grade III correspond à une ischémie de repos : La douleur se manifeste même lorsque le patient est en décubitus (position allongée). Cette douleur témoigne d’un manque d’oxygène aux muscles même au repos, sans témoigner de troubles trophiques majeurs.
  • Le grade IV correspond aux troubles trophiques : La douleur est constante et la peau est insuffisamment vascularisée pour assurer sa bonne régénération. Les plaies cicatrisent lentement ou ne cicatrisent plus, la peau est sensible aux infections, et chaque plaie doit être soigneusement traitée et prise en charge pour éviter une gangrène. 

Ces 4 grades forment la classification de Fontaine, qui est une des classifications les plus fréquemment employées. Une autre classification fréquemment employée est la classification de Rutherford, au sein de laquelle nous distinguons 5 grades différents.

La Classification Rutherford de l’AOMI Stade 4: qu’est-ce que c’est ?

La classification de Rutherford a la particularité de distinguer l’AOMI de stade 4 en deux grades différents : Le grade IV et V. Ainsi, les grades dans la classification de Rutherford font les distinctions suivantes :

  • Le grade 0 correspond au grade I de la classification de Fontaine : L’AOMI est asymptomatique, mais la chute de pression artérielle est détectée.
  • Le grade I correspond à l’ischémie d’effort, il est divisé en 3 sous catégories : Le grade I catégorie 1 est une claudication légère, la catégorie 2 correspond à une claudication moyenne, et la catégorie 3 correspond à une claudication sévère dans son intensité.
  • Le grade II correspond à l’ischémie de repos : La douleur est présente même en décubitus, sans pour autant manifester de troubles trophiques notables.
  • Le grade III correspond à une perte de substance mineure : Des ulcères localisés sont identifiés, avec la possibilité de portions limitées de nécrose, sans gangrène associée. Cet état correspond à une ischémie critique.
  • Le grade IV correspond à une perte de substance majeure : Les ulcérations sont importantes, le risque de gangrène est élevé, et une amputation est généralement préconisée si les portions atteintes ne sont plus revascularisables.

 

La classification de Rutherford comme la classification de Fontaine établissent différents grades de gravité, dont les derniers grades, associés aux troubles trophiques, caractérisent l’AOMI de stade 4.

 

Quelles caractéristiques de l’AOMI stade 4 ?

L’AOMI de stade 4 présente les caractéristiques des stades précédents, à savoir les claudications au repos, une diminution des pouls, une peau pâle et froide, auxquelles s’additionnent les troubles de la croissance spécifiques à l’AOMI stade 4.

Ces troubles de la croissance se manifestent à plusieurs niveaux du membre inférieur :

  • La peau est froide, pâle et glabre : En l’absence d’une vascularisation suffisante, la pilosité disparaît progressivement, et la peau se refroidit.
  • La douleur est présente au repos : Les douleurs peuvent justifier la prise d’antalgique pour l’endormissement, empêcher les déplacements avec les jambes. Les muscles, nerfs, os et la peau manquent de tout des nutriments nécessaires et entrent dans un état inflammatoire ischémique douloureux.
  • Un risque cardiovasculaire global se manifeste : L’AOMI est la manifestation clinique de l’athérosclérose. Une AOMI à un stade avancé traduit la présence extensive de plaques d’athérosclérose. Ces plaques sont à la source d’un risque plus global sur la santé cardiovasculaire, dont un risque d’infarctus du myocarde ou d’AVC.

Le stade 4 correspond ainsi à un état avancé du développement de la pathologie, dans laquelle les possibilités de récupération sont maigres tant la santé du corps est mise en péril. L’essentiel des efforts médicaux s’axent autour de sa prévention plutôt que de son traitement tardif, et ce indépendamment du sexe.

AOMI stade 4: quels liens avec le sexe du patient ?

L’AOMI a jusqu’à présent été considérée comme plus fréquente chez les hommes que chez les femmes. Toutefois, des recherches récentes suggèrent que les femmes sont également à risque, avec la particularité de présenter une symptomatologie différente des hommes. Ces différences dans la présentation des symptômes en fonction du sexe sont responsables des confusions entre les symptômes de l’AOMI et ceux d’autres pathologies plus fréquemment rencontrées chez les femmes.

L’AOMI est ainsi possiblement sous-diagnostiquée dans la population féminine, et les femmes sont ainsi souvent diagnostiquées à des stades plus avancés de la maladie. Elles présentent en conséquence des taux d’amputation plus élevés. Il est donc crucial de sensibiliser davantage à l’AOMI chez les femmes et d’améliorer les stratégies de dépistage et de traitement pour ce groupe.

De plus, des études montrent l’impact du sexe sur le traitement, la réponse au traitement, et le pronostic de l’AOMI. Le sexe est une donnée importante à prendre en compte au moment d’établir les différentes mesures à prendre en charge pour prévenir l’aggravation de la maladie.

Prévention de l’AOMI stade 4: quelles mesures qui peuvent être prises pour prévenir l’aggravation de la maladie?

Les principales mesures prises pour prévenir l’aggravation au stade 4 de l’AOMI est l’élimination des facteurs de risques modifiables et la pratique d’exercice physique. Les facteurs de risques associés à l’AOMI sont les facteurs de risques classiquement associés au risque cardiovasculaire, dont :

  • Le tabac : Le tabac participe à enflammer les vaisseaux sanguins et monter la tension artérielle. Cette double action agit sur les plaques d’athérosclérose pour accélérer leur épaississement et donc la limitation du flux sanguin aux membres inférieurs.
  • Le contrôle de l’hypertension : L’hypertension artérielle abîme la paroi des artères et favorise le développement des plaques d’athérosclérose ainsi que l’épaississement et la rigidification de la paroi. Cette double action est également un facteur important dans la diminution du flux sanguin vers les jambes.
  • Le contrôle du diabète : La diabète dérégule le métabolisme énergétique, et favorise la formation des plaques d’athéromes. Un excès de sucre dans le sang le rend visqueux, augmente les forces de cisaillement et abîme la paroi artérielle, tandis que la difficulté du corps à exploiter le sucre rend le corps plus sensible aux plaies, aux infections et aux troubles trophiques qu’apportent le diabète et l’AOMI. Le contrôle du diabète est fondamental dans la prévention des complications de l’AOMI.
  • Le contrôle du cholestérol : Composant fondamental des plaques d’athéromes, le taux de cholestérol est un facteur important dans le développement de l’AOMI. Mieux le cholestérol est contrôlé, moins les plaques d’athérome bénéficient de matériaux pour s’étendre et grossir, et moins l’AOMI est à risque de progresser. La réduction du cholestérol passe par la gestion du poids, par des modifications dans l’alimentation, et par la prise de traitements dans certains cas.
  • La pratique d’une activité sportive : Le développement des plaques d’athérome et la santé cardiovasculaire globale est prévenue par l’effet positif d’une activité sportive sur l’hypertension artérielle, le syndrome métabolique, et le vieillissement des artères.

Si la modification de ces facteurs de risques est essentielle pour prévenir la progression de l’AOMI, elle l’est aussi dans la prévention du risque de maladies cardiovasculaires associées, les plaques d’athérome jouant un rôle plus général sur le risque d’insuffisance cardiaque, d’infarctus et d’AVC.

Toutefois, si ces mesures permettent de limiter le développement à venir des plaques d’athéromes, elles ne permettent pas de les faire régresser. Une intervention médicale est nécessaire pour endiguer les symptômes une fois ces derniers installés.

Alors, comment traitons-nous l’AOMI stade 4 ?

L’AOMI de stade 4 doit justifier d’une prise en charge médicale urgente. Elle pose un risque à court terme sur la survie du patient, et ne s’améliorera pas en l’absence d’une intervention médicale. La prise en charge passe nécessairement par plusieurs étapes :

  • Interventions de revascularisation : Le membre doit être revascularisé. En absence de revascularisation, la ré-ulcération est inévitable. Afin de rétablir l’irrigation sanguine, plusieurs protocoles peuvent être envisagés, dont l’angioplastie, la pose de stents, artériectomie ou le pontage. Le choix de l’intervention dépend de plusieurs facteurs, y compris l’emplacement et l’étendue de l’obstruction artérielle, et la consultation médicale avec l’un de nos médecins spécialisés permettra de déterminer celle présentant le meilleur profil.
  • La gestion des plaies : Pour prévenir l’amputation, il faut limiter le risque d’extension de l’ulcération ou de la gangrène et aider le corps à se débarrasser des agents pathogènes et des débris nécrotiques. Cette prise en charge s’oriente autour du débridement des tissus nécrotiques, l’utilisation de pansements spéciaux, avec éventuellement une oxygénothérapie hyperbare contre les bactéries anaérobies. Elle est nécessaire, et doit s’accompagner d’une revascularisation.

La combinaison de ces deux axes thérapeutiques permet de prendre en charge l’AOMI et prévenir ses conséquences

L’AOMI stade 4: quelles conséquences ?

L’AOMI étant une maladie chronique, ses conséquences ne se limitent pas qu’au risque à terme de gangrène et d’amputation. Puisqu’elle s’inscrit sur la durée, elle peut avoir des impact extra-médicaux, comme :

  • Impact sur la qualité de vie : L’AOMI stade 4 peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie d’un patient. Les douleurs constantes, la difficulté à marcher et la menace d’amputation peuvent tous contribuer à une diminution de la qualité de vie.
  • Conséquences économiques : Outre l’impact personnel, l’AOMI stade 4 peut également avoir des conséquences économiques significatives. Le coût des traitements, des interventions de revascularisation et de la gestion des plaies peuvent s’accumuler, sans parler des coûts indirects liés à la perte de productivité et à l’incapacité de travailler.
  • Conséquences psychologiques : Il est également important de reconnaître les conséquences psychologiques de l’AOMI stade 4. Les patients peuvent ressentir de l’anxiété, de la dépression et du stress en raison de leur maladie. 

Ces conséquences transversales font de l’AOMI une pathologie particulièrement délicate à prendre en charge.

FAQ 

Quels sont les principaux symptômes de l’AOMI stade 4 ?

Les principaux symptômes de l’AOMI stade 4 sont la douleur constante au repos, les ulcérations non cicatrisantes et les lésions gangréneuses sur les pieds ou les jambes.

Quelle est la différence entre la classification de Fontaine et de Rutherford ?

La classification de Fontaine et de Rutherford sont deux systèmes utilisés pour évaluer la gravité de l’AOMI. La classification de Fontaine a quatre stades, tandis que la classification de Rutherford est plus détaillée avec sept catégories.

L’AOMI affecte-t-elle les hommes et les femmes de la même manière ?

Non, l’AOMI peut affecter les hommes et les femmes différemment. Les femmes peuvent présenter des symptômes différents de ceux des hommes et être diagnostiquées à des stades plus avancés de la maladie.

Comment peut-on prévenir l’aggravation de l’AOMI ?

La prévention de l’aggravation de l’AOMI implique la modification des facteurs de risque modifiables, comme l’arrêt du tabac, le contrôle du diabète et de l’hypertension, la réduction du cholestérol, la gestion du poids et l’adoption d’un régime alimentaire sain. Un programme d’exercice supervisé peut également aider.

Quels sont les options de traitement pour l’AOMI stade 4 ?

Les options de traitement pour l’AOMI stade 4 peuvent inclure des interventions de revascularisation, comme l’angioplastie, la pose de stents, l’athérectomie ou le pontage. La gestion des plaies est également cruciale pour les patients présentant des ulcérations ou une gangrène.

Quelles sont les conséquences de l’AOMI stade 4 ?

L’AOMI stade 4 peut avoir des conséquences significatives, y compris une diminution de la qualité de vie, des conséquences économiques dues aux coûts du traitement et une détresse psychologique.

AOMI : Les chiffres à retenir

20 à 30%

L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs est une maladie courante, en particulier chez les personnes âgées. Sa prévalence augmente avec l’âge. On estime que près de 20% à 30% des personnes de plus de 60 ans sont touchées par cette affection.

75 à 90%

L’angioplastie peut réussir immédiatement à ouvrir l’artère obstruée dans environ 70% à 90% des cas. Cela signifie que dans la majorité des situations, la circulation sanguine est restaurée et les symptômes s’améliorent après la procédure.

> CONSULTER

UN EXPERT