L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, raccourcie par l’acronyme AOMI, est une pathologie fréquente au cours de laquelle la capacité de transport du sang par les artères des membres inférieurs est diminuée. C’est une condition médicale dont les symptômes s’aggravent progressivement, en commençant par des douleurs à l’effort physique, pour aboutir à un risque d’ulcération de la jambe ou une incapacité majeure à se déplacer.

Afin de la traiter, la chirurgie a été durant tout le XXème siècle l’intervention de référence : l’artère est atteinte en incisant les tissus, et un greffon lui est ajouté pour permettre au sang de contourner l’obstruction artérielle. C’est une intervention lourde, qui implique un temps de récupération et une hospitalisation prolongée. Son usage est depuis quelques décennies de plus en plus délaissé au profit de l’angioplastie avec pose de stent dans l’artère sténosée.

L’angioplastie est un traitement de nouvelle génération de l’AOMI : Un stent est cheminé à l’intérieur du réseau artériel puis déposé au sein de l’artère pathologique pour rétablir le flux sanguin sans incision de la peau ou des tissus adjacents. Elle présente les bénéfices sur la santé de la chirurgie sans s’accompagner de ses inconvénients post-opératoires

L’AOMI: qu’est-ce que c’est ?

L’AOMI, pour artériopathie oblitérante des membres inférieurs, est caractérisée par un rétrécissement du calibre des artères qui fournissent du sang aux membres inférieurs. Les membres inférieurs sont vascularisés par les deux artères iliaques externes, qui naissent de l’artère iliaque commune, et donnent naissance aux artères fémorales et toute la vascularisation de la jambe et de la cuisse. 

Chez un patient souffrant d’AOMI, le calibre interne des artères est diminué, obstrué le plus souvent par des dépôts lipidiques et de cholestérol au sein de plaques d’athéromes. Moins de sang est en mesure d’atteindre les tissus en aval, dont la peau et les muscles des membres inférieurs. Parfois, si l’athérosclérose touche aussi l’artère iliaque interne ou commune, les corps érectiles peuvent aussi souffrir d’un défaut de vascularisation. Ce défaut d’apport sanguin est responsable d’un ensemble de symptômes associés à l’artériopathie : Douleurs à la marche (claudication intermittente), des difficultés de cicatrisation avec risque d’ulcération de la jambe, et parfois des troubles érectiles.

Si les symptômes de l’artériopathie ne sont pas traités, ils peuvent s’aggraver jusqu’à limiter l’autonomie vis-à-vis des douleurs à la marche, ou induire un risque d’amputation à cause des troubles de la cicatrisation. Afin d’éviter l’aggravation des symptômes de l’AOMI une fois les symptômes installés, une prise en charge médicale doit être envisagée.

L’angioplastie: qu’est-ce que c’est ?

L’angioplastie est une procédure mini-invasive, se différenciant des interventions chirurgicales ouvertes, au cours de laquelle un cathéter est inséré et remonté au sein des artères jusqu’à l’artère sténosée, afin de la déboucher. La désobstruction se fait presque systématiquement en deux temps : D’abord, la plaque est comprimée par un ballonnet, puis, un stent est déposé dans l’artère à l’endroit de la plaque pour conserver le bénéfice de l’intervention à long terme. Elle peut être pratiquée sur les artères des jambes, en cas d’artériopathie périphérique, et on parle alors d’angioplastie fémorale lorsque l’intervention a lieu sous l’aine. Elle peut aussi être pratiquée sur des artères en amont, comme les artères iliaques, et participer à améliorer la circulation sanguine des corps érectiles et traiter dans un même temps un trouble de l’érection relatif à l’artériopathie.

Lors du diagnostic d’une AOMI, il vous sera généralement conseillé de d’abord éliminer certains facteurs de risques du quotidien avant d’y avoir recours, comme : 

  • Arrêter de fumer, surveiller son alimentation et son poids : Le tabac, une alimentation déséquilibrée et un surpoids participent à entretenir un terrain propice au développement des plaques d’athérosclérose responsables de l’obstruction des vaisseaux. 
  • Suivre les prescriptions qui vous ont été écrites afin de contrôler votre cholestérol, la tension artérielle, le diabète, et pour empêcher la coagulation du sang. En effet, le cholestérol est un des principaux composants des plaques obstruant les artères, et une hypertension artérielle ou un diabète participent tous deux à fragiliser la paroi artérielle et favoriser le développement des plaques.

Une fois ces mesures implémentées, l’évolution de l’AOMI sera suivie dans l’espoir de la voir se stabiliser ou régresser, afin d’éviter d’avoir recours à une angioplastie avec pose de stent au sein de l’artère. Néanmoins, si elles n’améliorent pas vos symptômes, votre médecin pourra alors vous adresser à un spécialiste pour évaluer l’AOMI et le bénéfice escompté d’un traitement par angioplastie de l’artériopathie.

Préparation à l’angioplastie des artères de la jambe (Avant l’intervention)

Si votre médecin estime intéressant d’avoir recours à une angioplastie des artères de la jambe, un examen sanguin vous sera prescrit afin d’étudier sa capacité à coaguler et votre fonction rénale, ainsi qu’une consultation d’anesthésie.

Certains médicaments seront mis à l’arrêt avant l’intervention. L’angioplastie nécessitera l’injection d’un anesthésique local et d’un colorant radiographique pour mettre en évidence les artères obstruées. Il sera alors important de prévenir préalablement votre médecin de toute allergie connue aux anesthésiques ou à un colorant radiographique, et de l’informer de toute affection médicale dont vous souffrez ou de toute possibilité de grossesse.

Comment se déroule l’angioplastie des artères des membres inférieurs ? (pendant l’intervention)

L’angioplastie débute par une anesthésie locale de la zone de peau où il pratiquera l’intervention, généralement au pli de l’aine pour une angioplastie périphérique. Une petite incision sera réalisée à travers la peau avec une petite aiguille pour accéder à l’artère, avant de la remplacer par un cathéter : un cathéter très fin muni d’un ballon dégonflé à son extrémité est inséré dans l’artère ponctionnée et sera remonté jusqu’à la région artérielle sténosée. A travers le cathéter est injecté un produit de contraste pour obtenir et exploiter des radiographies du système artériel. Il permet au praticien en charge de l’intervention de cartographier en temps réel le système artériel, mettre en évidence le rétrécissement ou l’obstruction de vos vaisseaux sanguins et orienter le déplacement du cathéter dans les artères. Le guidage rend l’intervention sûre et le risque d’échec technique devient négligeable.

Une fois remonté dans l’artère, le ballonnet est gonflé à l’intérieur de l’artère rétrécie pour l’ouvrir, ce qui comprime la plaque obstruant l’artère. La plaque ainsi comprimée libère le volume nécessaire pour permettre la recirculation du sang. Un petit tube grillagé appelé stent, qui jouera le rôle de tuteur métallique, sera ensuite déposé dans l’artère pour la maintenir ouverte après l’intervention. Il limite le risque de récidive future de l’AOMI en maintenant la paroi ouverte.

L’intervention est courte, 30 à 40minutes en moyenne, et est réalisée en ambulatoire : Vous pourrez rentrer chez vous le jour même de l’angioplastie. Un anesthésiste-réanimateur sera disponible à vos côtés tout le long de l’intervention pour s’assurer de votre confort et sécurité. L’intervention étant indolore, la prise en charge de l’AOMI est réalisée sous anesthésie locale, mais un traitement sédatif pourra vous être proposé si vous en ressentez le besoin.

À quoi s’attendre après l’intervention ? (après l’intervention)

Après le retrait du cathéter, un pansement compressif est posé au point de ponction, et il vous sera demandé de vous reposer en position allongée durant quelques heures pour empêcher l’artère de saigner. Des médicaments anti-coagulants vous seront prescrits pour fluidifier la circulation du sang et éviter la formation d’un caillot, ainsi qu’un repos de 48 à 72h à respecter pour limiter le risque de saignement. Les symptômes de l’AOMI ont tendance à s’améliorer nettement dans les jours à semaines suivant l’intervention

Le traitement par angioplastie de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI): comment a lieu la récupération ?

Le temps de récupération après intervention est court : Contrairement aux chirurgies, aucun tissu musculaire ou cutané n’a été incisé afin d’atteindre l’artère pathologique. Ainsi, vous pourrez reprendre la marche 6h après l’intervention, et l’effort physique dans les jours à semaines suivant l’intervention, sans nécessiter de rééducation particulière. 

Le taux de réussite de l’angioplastie avec pose de stent des artères des jambes est très élevé : L’intervention est efficace pour traiter les symptômes de l’AOMI chez neuf personnes sur dix. Néanmoins, il est possible que les processus de cicatrisation mis en place par l’artère soient excessifs, et qu’elle se rétrécisse puis s’obstrue à nouveau avec le temps. C’est ce qu’on appelle la resténose ou la ré-occlusion. De plus, l’intervention s’accompagne d’un risque d’effets indésirables dont la formation d’un caillot au point d’intervention ou d’un risque infectieux au point de ponction.

Après votre opération, afin de limiter le risque de survenue de ces événements, des anti-agrégants plaquettaires vous seront prescrits et des soins sur la zone ponctionnée devront être réalisés. Certaines mesures supplémentaires seront préconisées, comme :

  • Arrêter de fumer si vous fumez.
  • Adopter un régime alimentaire sain et équilibré, pauvre en graisses saturées, pour garder le contrôle sur le cholestérol sanguin.
  • Rester actif. Choisissez une activité qui vous plaît et intégrez l’activité dans votre vie quotidienne permettra de conserver un poids santé et maintenir un équilibre dans votre balance lipidique.
  • Prendre les médicaments qui vous ont été prescrits pour réduire votre taux de cholestérol, traiter l’hypertension artérielle et prévenir la formation de caillots sanguins. Afin d’éviter une résurgence de l’AOMI, une observance rigoureuse de ces traitements est absolument nécessaire.

Si les symptômes de l’AOMI refont apparition ou se sont aggravés à la suite du traitement par angioplastie, consultez votre médecin afin d’étudier la possibilité de survenue d’une resténose. Dans ce cas, une nouvelle angioplastie ou un pontage pourront être prescrits.

Le traitement par angioplastie de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI): quelles complications ?

Le traitement par angioplastie avec pose de stent de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs présente exceptionnellement peu de complications comparativement aux chirurgies habituellement employées. Toutefois, il est possible qu’après l’intervention, vous présentiez :

  • Un saignement au point de ponction artérielle.
  • L’artère traitée peut être endommagée ou se rompre pendant l’intervention, néanmoins, ce risque est limité par le guidage aux rayons X, qui permet de visualiser le réseau artériel et l’avancement du cathéter.
  • La formation d’un caillot de sang peut avoir lieu dans les suites précoces de l’intervention. L’irrigation sanguine de votre jambe est alors bloquée, et la jambe peut devenir froide, pâle, douloureuse ou engourdie. Cette complication est évitée par la prise d’anticoagulants qui bloque la formation du caillot.
  • Une réaction allergique au produit de contraste iodé : Un produit de contraste iodé est utilisé pour le guidage du cathéter. Il existe un risque très rare d’allergie.
  • Des ecchymoses autour du point d’intervention : Durant l’intervention, un hématome peut s’être formé autour de la zone où le tube a été inséré à cause d’un saignement au point de ponction. Des ecchymoses peuvent alors apparaître et perdurer durant la convalescence. Ce sont des complications bénignes, mais pouvant s’accompagner de douleurs. Des analgésiques pourront prendre en charge les douleurs en attendant leur disparition. 
  • Le site de ponction est à risque rare de s’infecter : Comme toute brèche cutanée, un risque infectieux peut survenir. Si la jambe devient rouge et gonflée, c’est le signe d’une infection. Ce risque est très bien prévenu par l’application d’un pansement compressif à la fin de l’intervention et des soins réguliers jusqu’à la cicatrisation de la brèche.

Grâce aux mesures prises pour les éviter, ces complications sont très bien prévenues et ne nécessitent qu’exceptionnellement une seconde intervention médicale, ce qui fait de l’angioplastie un traitement particulièrement sûr de l’AOMI.

Conclusion

L’angioplastie avec pose de stent dans l’artère pathologique présente donc une excellente balance bénéfice/risque : elle permet de rétablir le flux sanguin et de traiter l’AOMI en minimisant le risque d’effets indésirables. En tirant profit des avancées dans les approches médicales endovasculaires, elle permet d’agir directement sur la plaque d’athérome, pour une efficacité que les médicaments peinent à atteindre, sans s’accompagner des risques des chirurgies conventionnelles.

FAQ

Combien de temps faut-il pour se remettre d’une angioplastie des jambes ?

Il faut un certain temps pour se remettre d’une angioplastie des jambes. La plupart des personnes se sentent capables de reprendre leur travail ou leurs activités habituelles au bout d’une semaine environ. Cependant, ce délai peut varier d’une personne à l’autre. Cela peut prendre plus de temps, en particulier si vous développez des complications. Consultez notre section Récupération pour plus d’informations.

Quel est le taux de réussite de l’angioplastie des jambes ?

L’angioplastie des jambes est un succès pour environ neuf personnes sur dix qui subissent l’opération. Cependant, certaines de ces personnes développent d’autres blocages dans leurs jambes. Dans ce cas, il se peut que vous ayez besoin d’une autre angioplastie ou d’une procédure alternative.

Que se passe-t-il en cas d’obstruction d’une artère de la jambe ?

Si vous ressentez des douleurs dans les jambes en raison d’une artère bouchée, votre médecin pourra vous suggérer diverses mesures. Il peut s’agir d’arrêter de fumer, de surveiller votre alimentation et votre poids et de suivre un programme d’exercices physiques. Si ces mesures ne suffisent pas, on pourra vous proposer une angioplastie avec pose de stent pour déboucher votre artère.

Quelle est la durée de vie d’une endoprothèse jambière ?

Les endoprothèses sont permanentes. Elles n’auront pas besoin d’être remplacées, sauf en cas de complications affectant l’artère où le stent a été placé. Cela n’empêche pas d’autres blocages de se développer dans la même artère ou dans des artères différentes. Dans ce cas, il faudra peut-être poser d’autres stents.