L’anévrisme de l’aorte abdominale est une pathologie silencieuse, dont les symptômes et signes cliniques apparaissent très tardivement, mais dont les complications sont pourtant graves. Un anévrisme aortique non surveillé peut aboutir à une rupture de l’aorte, dont la survenue, foudroyante et imprévisible, est associée à une mortalité extrême, tandis qu’un anévrisme de l’aorte surveillé et bien pris en charge peut ne pas impacter considérablement l’espérance de vie.

L’anévrisme abdominal correspond à une aorte dilatée en certains points de sa paroi. Le degré de dilatation et sa vitesse d’évolution sont variables d’un individu à l’autre, et la nécessité d’avoir recours à une opération de l’aorte abdominale, non sans risques, doit toujours faire l’objet d’une concertation du corps médical.

Afin de mieux comprendre dans quelles situations le traitement de l’anévrisme aortique sera nécessaire, et dans quelles situations une surveillance et des changements dans les habitudes seront privilégiées, il faudra d’abord comprendre ce qu’est un anévrisme aortique puis s’intéresser aux mécanismes qui le sous-tendent.

Qu’est-ce qu’un anévrisme aortique?

L’anévrisme aortique est un élargissement dans l’aorte (ou dilatation ou un ballonnement dans l’aorte). L’aorte est le plus grand vaisseau sanguin du corps, partant du cœur, longeant le rachis vertébral du thorax jusqu’au bas de l’abdomen, d’où partent l’intégralité des artères du corps.

Etant donné que l’aorte reçoit le sang sous pression directement en sortie du cœur, elle est soumise à de fortes contraintes mécaniques. C’est pourquoi la paroi de l’aorte est renforcée d’une cinquantaine de lames élastiques et de fibres musculaires, pour lui permettre de résister aux différentiels de pression.

Avec l’âge et les pathologies sous-jacentes comme l’hypertension artérielle ou l’athérosclérose, ces fibres élastiques s’abîment et la paroi perd progressivement sa capacité à conserver sa forme cylindrique originelle. La paroi se dilate en réponse et l’anévrisme se forme, pour constituer une faiblesse dans la paroi de l’aorte. En fonction de son ancienneté et des contraintes exercées sur la paroi, l’anévrisme va se modifier au cours du temps et augmenter en importance.

Si l’anévrisme peut survenir en tout point de l’aorte, elle survient très majoritairement (80% du temps) à sa partie terminale, dans l’abdomen. On parle alors d’un anévrisme de l’aorte abdominale. Cette configuration fragilise globalement la paroi, et la rend susceptible à la rupture, pouvant causer une hémorragie interne massive. Son diagnostic, sa surveillance et éventuellement son traitement sont ainsi une priorité médicale absolue.

Quels sont les différents stades de l’anévrisme de l’aorte ?

L’anévrisme de l’aorte est généralement décrit en 4 stades d’évolutions successifs. La classification de l’anévrisme dans un stade ou un autre dépendra de sa taille, sa croissance, et du risque de rupture de l’aorte dilatée. Les 4 stades sont ainsi les suivants :

  • L’anévrisme de l’aorte abdominale au stade 1 est de petite taille (inférieure à 3cm) et à croissance lente. À ce stade, la majorité des patients atteints sont asymptomatiques et ne consultent pas pour l’anévrisme. Il est alors souvent découvert par hasard lors d’examens médicaux pour d’autres problèmes de santé.
  • L’anévrisme de l’aorte abdominale au stade 2 est un anévrisme de taille moyenne, entre 3 à 4cm. A ce stade, une surveillance médicale régulière est recommandée, avec des examens réguliers pour surveiller sa taille et sa vitesse de croissance.
  • L’anévrisme de l’aorte abdominale au stade 3 est de grande taille (supérieure à 5cm) ou à croissance rapide. Sa grande taille ou sa vitesse de croissance rend la paroi de l’aorte dilatée plus susceptible de se rompre. C’est à ce stade de l’anévrisme de l’aorte abdominale que les symptômes commencent à apparaître. Selon l’état de santé du patient et la présentation de l’anévrisme, un traitement, souvent chirurgical, sera proposé, pour éviter la rupture de l’aorte.
  • L’anévrisme de l’aorte abdominale en stade 4 est un anévrisme rompu. La rupture de l’aorte dilatée se manifeste par une douleur soudaine et intense dans l’abdomen ou le dos, des évanouissements suivis d’un état de choc hémorragique majeur. Une intervention médicale d’urgence est nécessaire.

La prise en charge médicale, les efforts de santé et les traitements ont tous pour intention d’éviter l’anévrisme d’évoluer jusqu’au stade 4.

Cette classification est une classification simplifiée, et la gestion des anévrismes aortiques dépendra d’autres facteurs, dont l’âge, l’état de santé global du patient, et les pathologies affectant la santé aortique. C’est pourquoi il est crucial de discuter régulièrement de votre situation avec votre médecin pour une évaluation personnalisée.

Anévrisme aorte abdominale: Comment est-ce diagnostiqué?

L’anévrisme de l’aorte abdominale est généralement diagnostiqué par hasard sur un examen d’imagerie. Etant donné que l’anévrisme de l’aorte abdominale présente ses symptômes tardivement, il est rare qu’elle fasse l’objet d’une consultation ou d’un examen d’imagerie spécialement réalisé à sa recherche. La paroi de l’aorte étant un tissu mou, plusieurs modalités d’imagerie peuvent la révéler :

  • Les échographies abdominales : Des ultrasons sont envoyés dans les tissus mous, et l’écho mesuré par la sonde échographique permet de visualiser une coupe en 2D des organes abdominaux. Une augmentation anormale du diamètre de l’aorte sur un de ses segments trahit la présence d’un anévrisme, qui pourra être confirmé en TDM ou IRM.
  • Les tomodensitogrammes (TDM), aussi appelés scanner ou CT-scan, envoient des rayons X dans les tissus pour obtenir une représentation 3D complète des organes abdominaux, dont l’aorte. L’aorte est ainsi visualisée dans son ensemble et peut révéler l’anévrisme.
  • Les imageries par résonance magnétique (IRM) utilisent des rayonnements électromagnétiques pour obtenir une série de coupes 2D de la cavité abdominale, et reconstruire informatiquement les organes en 3D. Une IRM abdominale explore ainsi l’aorte abdominale et peut révéler un anévrisme.

Néanmoins, l’anévrisme de l’aorte abdominale est une pathologie dont l’évolution est difficilement prévisible sur la seule base des symptômes qui se manifestent ou de l’allure de l’aorte dilatée. C’est pourquoi l’anévrisme de l’aorte abdominale doit justifier un suivi régulier de son évolution pour adapter la prise en charge à chaque patient.

Anévrisme de l’aorte abdominale: quels signes et symptômes à surveiller ?

En présence d’un anévrisme de l’aorte abdominale, une douleur soudaine et intense dans l’abdomen ou le dos, des signes de choc, une baisse de la tension artérielle, sont tout autant de signes et symptômes à surveiller et devant faire l’objet d’une prise en charge médicale urgente. En effet, si la majorité des anévrismes de l’aorte abdominale sont silencieux et font difficilement à portée d’une surveillance par le patient, les signes évocateurs d’une rupture de l’aorte dilatée doivent être étroitement surveillés.

Lors d’une suspicion de rupture de l’aorte abdominale, les principaux symptômes sont :

  • Des signes de choc, comme une peau froide, un pouls rapide, une transpiration excessive, des nausées, un temps de recoloration cutanée supérieur à 3secondes, traduisent un défaut de perfusion des organes nobles (cerveau, foie, cœur) et peuvent traduire une hémorragie interne.
  • Une douleur importante dans le dos : La paroi de l’aorte dilatée est suffisamment innervée pour que son déchirement occasionne une douleur transfixiante laissant peu de doutes sur la rupture de l’aorte.
  • Des signes généraux : Sensation de faiblesse, nausée, transpiration excessive, liés au déséquilibre hémodynamique
  • Une perte de conscience : Il est important d’avoir sur soi des éléments permettant aux secours de comprendre la situation pour pouvoir réagir vite, si la rupture de l’aorte a lieu en public.

Afin d’éviter la survenue de ces symptômes, il est important d’adapter son mode de vie pour limiter le risque évolutif de l’anévrisme de l’aorte abdominale, et la maintenir à un stade de développement acceptable.

Comment vivre avec l’anévrisme de l’aorte ?

Vivre avec un anévrisme de l’aorte implique d’adopter certaines nouvelles habitudes et de mettre au premier plan sa santé cardiovasculaire. Voici quelques suggestions fréquemment données aux patients recevant le diagnostic d’anévrisme de l’aorte abdominale :

  • Adopter un mode de vie sain : Le stress peut augmenter la tension artérielle et agresser l’aorte, un surpoids peut participer à la formation d’athérosclérose et endommager la paroi de l’aorte. L’arrêt du tabagisme, la mise en place d’un régime alimentaire et d’un programme d’exercices sains, des outils de gestion du stress comme la méditation ou le yoga, la limitation de la consommation d’alcool sont autant de mesures à considérer pour vivre avec un anévrisme de l’aorte.
  • Suivre ses traitements médicaux : Plusieurs pathologies cardiovasculaires ou métaboliques sont réputées pour aggraver un anévrisme de l’aorte abdominale. Contrôler la pression artérielle et le cholestérol est crucial pour ralentir la croissance de l’anévrisme.
  • Passer des examens médicaux périodiques : Selon la taille de l’anévrisme et son taux de croissance, votre médecin peut recommander des examens tous les six à douze mois pour réévaluer son apparence et le risque de rupture de l’aorte dilatée.

Vivre avec un anévrisme de l’aorte peut être effrayant, mais avec une prise en charge adaptée, le risque de rupture de l’aorte peut être contrôlé avec succès.

Anévrisme de l’aorte abdominale: Quand le traitement est-il nécessaire?

Déterminer si un anévrisme de l’aorte abdominale requiert un traitement est une tâche complexe, multifactorielle et généralement transversale. Une consultation pluridisciplinaire est souvent nécessaire pour une décision éclairée de la part du corps médical, et doit être réalisée au sein d’une structure réunissant les différentes spécialités impliquées.

Le réseau Xpermd a l’avantage de regrouper des spécialistes à tous les niveaux : il concentre les talents impliqués de la concertation médicale jusqu’à l’éventuel traitement de l’anévrisme aortique. La prise en charge est simplifiée, la communication interdisciplinaire efficace, et les délais d’ordre administratifs sont réduits, afin que la chaîne médicale soit réactive et efficiente dans la prise en charge de votre anévrisme aortique.

Quelles sont les différentes options de traitements de l’anévrisme aortique ?

Selon la taille de l’anévrisme, sa localisation, son taux de croissance, l’âge du patient et l’état de santé général du patient, le patient pourra bénéficier d’un traitement conservateur ou d’un traitement chirurgical de l’anévrisme aortique. Ces deux catégories de traitements sont fréquemment pratiquées aux centres de l’Aorte Xpermd, selon la présentation de l’anévrisme :

Le traitement conservateur

Il est recommandé pour les anévrismes de l’aorte abdominale plus petits, qui ne présentent pas de symptômes. Il comprend la surveillance régulière de l’anévrisme, par des examens d’imagerie et des bilans médicaux, ainsi que le contrôle des facteurs de risques cardiovasculaires, pour diminuer leur agressivité sur l’anévrisme.

Le traitement chirurgical

Il est recommandé pour les anévrismes de l’aorte abdominale plus grands, ceux qui grandissent rapidement ou ceux qui s’accompagnent de symptôme, dont le risque de rupture de l’aorte est notable. Il existe deux principales options de traitements chirurgicaux disponibles :

  • La chirurgie ouverte est la méthode historique, au sein de laquelle le chirurgien réalise une grande incision dans l’abdomen pour accéder à l’aorte et enlever la partie dilatée de l’artère.
  • L’EVAR consiste à remplacer la paroi par un greffon synthétique : Le chirurgien insère un greffon endovasculaire, une sorte de tuyau métallique recouvert de tissu biocompatible, à travers une petite incision dans l’aine. C’est une méthode moins invasive que la chirurgie conventionnelle.

Le choix de l’une de ces deux chirurgies devra faire l’objet d’une concertation entre plusieurs médecins du corps médical pluridisciplinaire du centre Xpermd.

L’endoprothèse de l’aorte : la technique la moins invasive

L’endroprothèse aortique représente une approche à faible invasivité pour corriger un anévrisme aortique. Plutôt que de recourir à une intervention chirurgicale à grande incision, cette méthode implique une petite incision dans l’aine.

Initialement, suite à une légère incision, un radiologue interventionnel insère un cathéter par une artère de la jambe. Le médecin guide ensuite ce cathéter en utilisant des images, jusqu’à atteindre la zone de l’anévrisme. Subséquemment, le praticien positionne une endoprothèse – une section artificielle d’artère – à l’intérieur de l’anévrisme. Composée d’un tube en matériau tissulaire soutenu par un treillis métallique, l’endoprothèse est acheminée via le cathéter et se déploie pour s’adapter à la structure de l’anévrisme. Ce dispositif assure une protection des parois aortiques contre la pression et préserve la fonctionnalité de l’aorte.

Typiquement effectuée sous anesthésie générale, cette intervention hospitalière ne requiert généralement qu’une hospitalisation de 2 à 3 jours. Le rétablissement complet peut s’étaler sur quelques semaines voire mois.

Nous sommes distingués en tant qu’équipe pionnière dans le domaine des techniques endovasculaires pour diverses pathologies artérielles. Opérant au sein d’une unité de soins ambulatoires, nous excédons dans la correction d’une pluralité de troubles vasculaires sans laisser de cicatrices. Par ailleurs, nous nous démarquons en tant qu’équipe multidisciplinaire réunissant des spécialistes en Doppler, des radiologues vasculaires, des médecins vasculaires, des chirurgiens endovasculaires et des radiologues interventionnels vasculaires.

Conclusion

Vivre avec un anévrisme aortique et savoir quand un traitement est nécessaire peut être un processus complexe. Cependant, avec les bonnes habitudes, les progrès dans les soins médicaux et une bonne coopération avec votre professionnel de santé, il est possible de vivre avec un anévrisme aortique sans diminution de la qualité de vie.

FAQs

1 Qu’est-ce qui cause un anévrisme aortique?

Les anévrismes aortiques sont généralement causés par un affaiblissement de la paroi de l’aorte. Cela peut être dû à des facteurs génétiques, des dommages causés par le tabagisme, l’hypertension artérielle ou le vieillissement.

2 Est-ce qu’un anévrisme aortique peut être traité?

Oui, il existe plusieurs options de traitement pour un anévrisme aortique, notamment la chirurgie et les médicaments. Le choix du traitement dépend de la taille de l’anévrisme et de sa croissance.

3 Quel est le taux de survie après une rupture d’anévrisme aortique?

Le taux de survie après une rupture d’anévrisme aortique est malheureusement faible. Environ 80% des personnes qui subissent une rupture d’anévrisme aortique à l’extérieur de l’hôpital ne survivent pas.

4 Quels facteurs de risques derrière l’anévrisme de l’aorte abdominale ?

Le risque augmente avec l’âge. Les hommes sont 4 fois plus susceptibles de développer un anévrisme aortique. Le tabagisme augmente les risques d’un anévrisme de l’aorte abdominale. Un historique familial dans l’anévrisme aortique augmente les risques.