L’embolisation des artères prostatiques est une intervention mini-invasive de radiologie interventionnelle. Elle est couramment utilisée contre les troubles urinaires et l’hypertrophie de la prostate. Technique récente et innovante, celle-ci fait toutefois l’objet de questionnements auprès de nos patients. Notamment la question suivante : pourrait-elle favoriser un cancer ? Nous faisons le point ci-dessous.
Embolisation de la prostate : de quoi s’agit-il ?
L’embolisation de la prostate est une technique mini-invasive de radiologie interventionnelle. Elle consiste à cathétériser les artères prostatiques, puis à libérer des microparticules au sein d’elles. Ces dernières bloquent l’apport sanguin vers la prostate, entraînant une diminution de sa taille. Cela permet aux voies urinaires de se rouvrir et de laisser passer l’urine plus facilement.
En pratique, la procédure est réalisée en ambulatoire (pas d’hospitalisation), sous anesthésie locale. Elle est menée sous contrôle radiologique par un radiologue interventionnel expérimenté. La procédure dure entre 30 min à 1h30, selon la difficulté technique.
Après une ponction au niveau du pli de l’aine ou du poignet, le praticien insère un cathéter dans l’artère prostatique. Il y injecte des particules microscopiques afin d’y bloquer l’apport sanguin. L’intervention se déroule sans aucune douleur. Ensuite, il met en place un pansement compressif au niveau du point de ponction. Il ne reste qu’une incision de 2 mm après l’opération.
Embolisation de prostate : quels résultats ?
L’embolisation de la prostate est une procédure mini-invasive et très peu traumatisante. De ce fait, elle présente bien moins d’effets secondaires que l’intervention chirurgicale de résection transurétrale. Elle ne demande qu’une anesthésie locale et est réalisée en ambulatoire.
De récentes études montrent qu’elle :
· Offre des effets similaires à chirurgie en termes d’amélioration des symptômes urinaires [1] ;
· Permet de contrôler l’hématurie (sang dans les urines), améliorant significativement la qualité de vie des patients [2] ;
· Permet de traiter les symptômes urinaires chez les hommes atteints de cancer de la prostate de manière sûre et efficace [3].
En outre, elle pourrait avoir un rôle prometteur dans le traitement du cancer de la prostate (cancer le plus fréquent chez l’homme), une pathologie située au 1er rang des tumeurs chez l’homme. Mais aussi pour l’adénome de la prostate (augmentation de la volume de la prostate) et l’hyperplasie bénigne
Embolisation de prostate et cancer : quels effets ?
De récentes études cliniques mettent en évidence un rôle prometteur pour la prise en charge du cancer de la prostate. Elle aurait notamment un effet préventif et destructeur pour les petits cancers de la prostate.
Un effet prometteur sur la taille du cancer
Combinée à une chimiothérapie, l’embolisation prostatique permettrait de réduire la taille de la tumeur. La chimio-embolisation consiste à injecter des microbilles chargées à la chimiothérapie au sein de la prostate. Cela permet de bloquer le sang alimentant la tumeur, entraînant sa destruction.
C’est ce que montre une étude brésilienne de 2018, menée par João Pisco, pionnier de l’embolisation prostatique [4]. Elle a évalué les résultats de la chimio-embolisation de l’artère prostatique chez 20 patients atteints d’un cancer de la prostate.
Résultats de l’étude : le succès technique était de 80%. Ils ont donc conclu que cette technique constituait un traitement prometteur chez ces patients.
Un effet destructeur sur les petits cancers
Une autre étude de 2018 a évalué l’efficacité tumoricide de l’embolisation sur le cancer de prostate sur 12 patients [5]. Elle s’est basée sur l’examen histopathologique des échantillons de prostatectomie après embolisation.
L’étude montre qu’une nécrose complète de la lésion a été trouvée chez 2 patients et une nécrose partielle chez 5. L’embolisation prostatique pourrait donc être une option de traitement potentiel contre les cancers de la prostate.
Des effets sur les symptômes urinaires et la taille de la tumeur
Une autre étude de 2020 a également montré que l’embolisation de la prostate était cliniquement significative pour soulager les symptômes des voies urinaires inférieures chez les patients atteints d’un cancer de la prostate [6].
Elle permettrait d’obtenir une réduction de volume de la prostate significative avant radiothérapie, entraînant une diminution de la toxicité liée aux rayonnements.
Embolisation de prostate et cancer : des effets positifs et prometteurs
En conclusion, l’embolisation de la prostate ne favorise pas le développement de cancer. Bien au contraire ! Elle aurait même un effet destructeur sur les petits cancers de la prostate, comme le montrent les précédentes études.
La procédure est mini-invasive et sans risques pour la santé. Elle n’entraîne aucune complication urinaire ou sexuelle, contrairement à une intervention chirurgicale. Elle permettrait d’éviter les effets indésirables rencontrés lors d’un traitement chirurgical « classique » (troubles de l’érection, incontinence urinaire…), mais aussi les récidives.
Elle pourrait donc offrir une alternative mini-invasive à la chirurgie pour les petits cancers de la prostate.
Danger de l’embolisation de la prostate : Un traitement sûr et efficace
L’embolisation de la prostate est un traitement moderne et sécurisé pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Contrairement à d’autres interventions plus invasives, elle présente un très faible risque de complications. Réalisée sous anesthésie locale, l’embolisation consiste à bloquer les vaisseaux sanguins qui alimentent la prostate, ce qui entraîne sa réduction de taille, sans incision chirurgicale.
Les points positifs de l’embolisation de la prostate :
- Mini-invasive : Aucune incision n’est nécessaire. Le médecin insère un cathéter dans l’artère fémorale, minimisant ainsi les risques associés aux chirurgies classiques.
- Récupération rapide : Les patients peuvent souvent rentrer chez eux le jour même, avec une reprise des activités normales en quelques jours.
- Aucun impact sur la fonction érectile : Contrairement à la résection transurétrale de la prostate (RTUP) ou à la chirurgie ouverte, l’embolisation ne touche pas les nerfs responsables de la fonction érectile, évitant ainsi les troubles érectiles.
- Amélioration des symptômes urinaires : L’embolisation permet de réduire efficacement les symptômes urinaires sans les effets secondaires des médicaments.
Comparaison avec les autres traitements :
- RTUP et chirurgie ouverte : Bien que ces méthodes soient efficaces, elles comportent des risques plus importants, tels que des saignements, des infections urinaires de l’incontinence urinaire et une possible dysfonction érectile et donc de stopper la fonction sexuelle. De plus, elles nécessitent une hospitalisation et un temps de récupération plus long.
- Médicaments : Les traitements médicamenteux (alpha-bloquants, inhibiteurs de la 5-alpha-réductase) peuvent entraîner des effets secondaires comme une baisse de la libido, des troubles érectiles et nécessitent une prise continue pour maintenir leurs effets.
Références :
1. Transurethral Resection of the Prostate (TURP) Versus Original and PErFecTED Prostate Artery Embolization (PAE) Due to Benign Prostatic Hyperplasia (BPH): Preliminary Results of a Single Center, Prospective, Urodynamic-Controlled Analysis https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26506952/
2. Prostatic Artery Embolization (PAE) for Benign Prostatic Hyperplasia (BPH) with Haematuria in the Absence of an Upper Urinary Tract Pathology https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29582127/
3. Palliative Prostate Artery Embolization for Prostate Cancer: A Case Series https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31062066/
4. Safety and Efficacy of Prostatic Artery Chemoembolization for Prostate Cancer-Initial Experience https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29352696/
5. Prostatic Artery Embolization in the Treatment of Localized Prostate Cancer: A Bicentric Prospective Proof-of-Concept Study of 12 Patients https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29580712/
6. A Proof-of-Concept Study on the Use of Prostate Artery Embolization Before Definitive Radiation Therapy in Prostate Cancer https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33748542/