Greffe de la peau et brûlure: les douleurs ressenties suite au prélèvement du greffon

La greffe de peau consiste à transplanter de la peau d’une zone donneuse du corps vers une zone receveuse endommagée par la brûlure. Le protocole de greffe de peau est réalisé au sein d’un bloc opératoire et comporte plusieurs étapes cruciales :

Tout d’abord, le chirurgien évalue la zone endommagée et sélectionne le type de greffe le plus adapté : greffe de peau mince (épiderme et une partie du derme) ou greffe de peau épaisse (épiderme et derme entier). Il choisit une zone de prélèvement en fonction de la couleur et de la texture de la peau pour assurer une meilleure correspondance avec la zone receveuse.

Au cours de l’autogreffe, la peau est extraite de la zone prélevée à l’aide d’un instrument spécialisé, comme un dermatome. Le prélèvement puis la greffe de peau se font sous anesthésie locale ou générale, afin d’éviter les douleurs. Une fois prélevée, la greffe est préparée en retirant les tissus excédentaires puis est fixée sur la zone receveuse à l’aide de sutures, d’agrafes ou d’adhésifs. Le chirurgien s’assurera de revasculariser le lambeau de peau pour qu’il ne forme qu’un avec le derme originel sous-jacent.

Après l’opération chirurgicale, le temps de cicatrisation de la greffe de peau et la disparition des douleurs peut varier en fonction de plusieurs facteurs, tels que la taille et la profondeur de la lésion, le type de greffe, et la santé générale du patient. Le site donneur et la zone receveuse sont recouvertes de pansements stériles pour favoriser la guérison et prévenir les infections.

Selon la structure de la plaie, sa taille, sa profondeur, sa localisation, ou la disponibilité des sites donneurs appropriés, différentes techniques spécifiques seront employées au moment de prélever le greffon.

Il existe plusieurs types de greffes cutanées qui peuvent être indiquées à la suite d’une brûlure, chacune ayant des caractéristiques et des indications spécifiques. Les principaux types de greffes de peau incluent la greffe de peau mince, la greffe de peau totale, la greffe de peau en pastilles et la culture cutanée :

• La greffe de peau mince implique le prélèvement et la transplantation de l’épiderme avec une partie du derme. Ce type de greffe est utilisé pour des lésions étendues et profondes. Elles ont un taux de réussite élevé, mais peuvent offrir un résultat esthétique et fonctionnel moins satisfaisant que les greffes de peau totale. Le temps de cicatrisation associé à ce type de greffe de peau est court, entre 10 et 20j. Elles sont généralement utilisées pour traiter des brûlures de deuxième degré, des ulcères chroniques et des pertes de substance cutanée étendues.
• Greffe de peau totale consiste à prélever et transplanter l’épiderme avec l’ensemble de son derme. Le résultat esthétique et fonctionnel est meilleur dans la mesure où la structure du greffon est intégralement préservée, mais nécessitent un temps de cicatrisation plus long après la greffe de peau. Elles sont souvent utilisées pour la reconstruction après une chirurgie plastique ou pour traiter des zones du visage et des mains. Le temps de cicatrisation de ce type de greffe de peau est intermédiaire, entre 3 à 6 semaines.
• Greffe de peau en pastilles consiste à prélever de petits fragments de peau totale à l’aide d’un instrument appelé « punch » et à les transplanter sur la zone receveuse. Cette technique est une alternative à la greffe de peau totale, plus adaptée aux traitements des ulcères chroniques ou des zones de vitiligo récalcitrant. Le temps de cicatrisation associé à ce type de greffe de peau est court, dans les environs de 10 à 20j. Les greffes en pastilles sont moins agressives avec la zone donneuse, mais peuvent donner un aspect « en mosaïque » à la zone receveuse. 
• La culture cutanée est une technique de génie cellulaire dans laquelle quelques cellules épidermiques sont prélevées sur le patient, cultivées en laboratoire pour former une couche d’épiderme, puis transplantées sur la zone receveuse. Elles ont l’avantage d’intégralement préserver les zones donneuses, et ainsi de pouvoir greffer sur une large étendue. Néanmoins, le temps de cicatrisation associé à ce type de greffe de peau est étendu et associé à un fort taux d’échec. 

Ces différentes techniques ont chacune une balance « préservation de la zone donneuse » sur « réussite technique » différentes et un temps de cicatrisation différent, mais aucune de ces greffes de peau ne permet d’épargner complètement la zone donneuse d’un risque de lésion. 

Les greffes de peau, et particulièrement le prélèvement de greffe de peau fine, engendrent une plaie douloureuse sur la zone donneuse qui peut être assimilée elle-même à une brûlure de deuxième degré. Cette plaie expose les terminaisons nerveuses et les structures cutanées sous-jacentes. Ce type de prélèvement est principalement réalisé au niveau de la cuisse, étant donné que cette région est vaste et couverte par les habits, le retentissement esthétique est ainsi limité.

Toutefois, la cuisse est innervée par le nerf cutané fémoral latéral, qui innerve la peau de la région antérolatérale. Le prélèvement du greffon lors de la greffe de peau abîme les terminaisons nerveuses du nerf cutané fémoral latéral, qui cicatrise parfois mal et suscite des douleurs neurologiques dans la zone donneuse. 

Après une greffe de peau, les douleurs neurologiques générées peuvent être calmées par des médicaments antalgiques, au prix d’un risque d’effets indésirables, ou par des interventions de nouvelle génération comme la cryoneurolyse, qui remodèle les terminaisons nerveuses ayant mal cicatrisées après la greffe de peau pour prendre en charge efficacement les douleurs.