La rétention urinaire est une pathologie fréquente qui affecte principalement les hommes âgés. Elle se traduit par une difficulté à uriner, voire une incapacité complète à vider la vessie. Cette condition peut résulter d’une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), également appelée adénome de la prostate, et toucher les voies urinaires basses. Lorsque les traitements classiques ne suffisent plus, une solution innovante et mini-invasive peut être envisagée : l’embolisation prostatique.

Comprendre la rétention urinaire

La rétention urinaire chronique ou aiguë survient lorsqu’un homme ne parvient pas à uriner ou à vider complètement sa vessie. Il existe différents types de rétention urinaire, selon leur cause et leur évolution. Les symptômes incluent des mictions fréquentes, un jet urinaire faible ou interrompu, une sensation de gêne vésicale, voire des fuites urinaires.

Parmi les causes les plus courantes, on retrouve :

  • L’hypertrophie bénigne de la prostate, qui entraîne une augmentation du volume de la glande prostatique ;

  • Une obstruction urétrale ;

  • Une prostatite (inflammation) ;

  • Une infection urinaire ;

  • Des tumeurs de la prostate ou du rectum ;

  • Des troubles neurologiques (lésions de la moelle épinière, sclérose en plaques) ;

  • Des antécédents chirurgicaux ou des anomalies anatomiques.

Cette pathologie est souvent diagnostiquée par échographie de l’appareil urinaire, toucher rectal, analyse du débit urinaire, IRM ou scanner pelvien. Une mesure du volume prostatique, du résidu post-mictionnel et de la fonction rénale est également recommandée.

Rétention urinaire : symptômes

La rétention urinaire se manifeste par l’incapacité partielle ou totale d’uriner malgré une envie pressante. Ce trouble de la miction est souvent le signe d’une obstruction des voies urinaires, en particulier au niveau du bas appareil urinaire. Les symptômes sont généralement progressifs mais peuvent également survenir brutalement dans certains cas.

Parmi les signes les plus fréquents :

  • Difficulté à commencer la miction, malgré une forte envie d’uriner.

  • Jet urinaire faible ou interrompu, parfois accompagné d’un écoulement goutte à goutte.

  • Sensation de vidange incomplète de la vessie, conduisant à des mictions répétées ou douloureuses.

  • Douleurs sus-pubiennes ou abdominales lorsque la vessie est distendue.

  • Pollakiurie : besoin d’uriner souvent, surtout la nuit (nycturie).

  • Infections urinaires à répétition, en raison de l’accumulation d’urines stagnantes.

  • Incontinence urinaire par regorgement, lorsque la vessie trop pleine déborde.

  • Gêne constante dans le bas-ventre ou tension vésicale persistante.

Les limites des traitements classiques

Le traitement médical repose généralement sur les alpha bloquants, les inhibiteurs de la 5-alpha réductase, et des médicaments oraux visant à détendre les muscles de la vessie et améliorer le débit urinaire. Toutefois, leur efficacité est variable. Ils peuvent provoquer des effets secondaires tels que l’éjaculation rétrograde, des troubles érectiles, ou encore une fatigue musculaire.

En cas d’échec du traitement médicamenteux, plusieurs options chirurgicales peuvent être proposées :

  • La résection transurétrale de la prostate (RTUP) ;

  • L’énucléation au laser ;

  • La thermothérapie ;

  • L’ablation endoscopique du tissu prostatique.

Cependant, ces interventions comportent un risque de fuites urinaires, d’incontinence urinaire, de stérilité, ou de perte d’érection. Elles nécessitent souvent une hospitalisation, une sonde urétrale post-opératoire, voire un sondage vésical en cas de rétention urinaire aiguë.

Embolisation de la prostate : une solution mini-invasive

L’embolisation prostatique est une technique moderne réalisée par un radiologue interventionnel, en collaboration avec un urologue. Elle permet de traiter les troubles urinaires liés à une hypertrophie bénigne de la prostate sans recourir à une intervention chirurgicale lourde.

Cette procédure vise à obstruer sélectivement les artères prostatiques, réduisant ainsi l’apport en sanguins vers l’adénome. Privé d’oxygène, le tissu prostatique diminue de volume progressivement. Cela libère les voies urinaires, améliore le jet urinaire, et soulage la rétention urinaire chronique.

Déroulement de l’intervention

L’embolisation est réalisée en ambulatoire, sous anesthésie locale. Elle ne nécessite ni incision, ni cathéter urétral prolongé.

Étapes de l’embolisation :

  1. Le patient est installé confortablement ;

  2. Une ponction de l’artère fémorale ou radiale est effectuée pour introduire un microcathéter ;

  3. Grâce à l’imagerie en temps réel, le praticien cible les artères prostatiques ;

  4. Il injecte des microbilles occlusives pour bloquer l’irrigation artérielle de la prostate.

La procédure dure en moyenne 1 heure. Le patient peut quitter la clinique le jour même, avec un retour rapide aux activités normales.

Résultats de l’embolisation de la prostate

Les études montrent que plus de 80 % des patients présentent une amélioration significative de leurs symptômes urinaires dans les mois suivant l’embolisation :

  • Réduction du volume prostatique ;

  • Amélioration du débit urinaire ;

  • Diminution du besoin d’uriner la nuit (nycturie) ;

  • Moins de fuites et de pollakiurie (mictions fréquentes) ;

  • Moins de douleurs musculaires pelviennes ;

  • Diminution du recours au traitement médical ou à la sonde.

L’embolisation a aussi montré des résultats encourageants sur la préservation de la fonction érectile et de l’éjaculation. Elle est donc particulièrement adaptée aux patients jeunes ou actifs.

Pour qui est destinée l’embolisation ?

Ce traitement s’adresse aux hommes souffrant d’un adénome prostatique symptomatique, ayant échoué aux traitements médicamenteux, ou ne souhaitant pas de chirurgie.

Elle est recommandée en cas de :

  • Rétention urinaire aiguë ou chronique ;

  • Volume prostatique élevé (>60g) ;

  • Incontinence urinaire ;

  • Troubles mictionnels persistants ;

  • Contre-indications à l’intervention chirurgicale (âge avancé, insuffisance rénale, hypertension, diabète, etc.).

La prise en charge est personnalisée, selon les antécédents, la taille de la prostate, les symptômes urinaires et le retentissement sur la qualité de vie.

Suivi post-intervention

Après l’embolisation, un suivi urologique est mis en place :

  • Contrôle clinique des mictions ;

  • Évaluation par échographie de la vidange vésicale ;

  • Suivi du volume prostatique et du résidu post-mictionnel ;

  • Suivi biologique de la fonction rénale et du PSA.

Le patient est revu à 1 mois, 6 mois et 1 an. Des effets secondaires bénins comme une légère gêne périnéale, une pollakiurie transitoire, ou une petite fièvre peuvent survenir dans les jours suivant l’intervention, mais sont facilement pris en charge.

Avantages de la technique

Mini-invasive : pas d’incision, pas de séjour hospitalier prolongé
Préservation de la sexualité : respect de l’érection et de l’éjaculation
Alternative à la chirurgie : surtout pour les patients à risque
Rapidité : retour aux activités dès le lendemain
Efficacité prouvée : taux de succès élevé, faible risque de récidive

Conclusion

L’embolisation de la prostate est une avancée majeure dans le traitement de la rétention urinaire, notamment chez les hommes atteints d’hypertrophie bénigne de la prostate. Elle offre une solution non chirurgicale, sûre, et efficace pour vider la vessie, restaurer des mictions normales, et éviter les complications comme l’insuffisance rénale ou l’incontinence.

Chez XperMD, nos spécialistes en urologie et radiologie interventionnelle vous accompagnent à chaque étape, de la prise en charge diagnostique jusqu’au suivi post-thérapeutique.